Intervention de Pauline Albouy Pomponne en conseil municipal
« Vous nous proposez de baptiser l’école maternelle des Clauzades « Comtesse de Ségur ». Comme nous vous l’avions demandé, vous avez choisi une femme. Des 87 romancières françaises du XIXème siècle recensées par Wikipedia, vous avez retenu celle qui renvoie l’image de la femme la plus conventionnelle qui soit.
La comtesse de Ségur, si elle est une autrice à une époque où l’on en compte peu, reste dans les prérogatives réservées aux femmes de sa société : les romans pour enfants, sur le thème de leur éducation. Ceux-ci valorisent des petites filles bien sages et jettent l’opprobre sur l’espièglerie de Sophie, victime de sévices corporels. Nous aurions aimé plus de modernité dans les modèles proposés aux enfants de 2021.
Nous ne pouvons soutenir l’idée de donner à une école publique, laïque, le nom d’une femme qui est entrée en religion sous le nom de Sœur Marie-Françoise en 1866. Il existe tellement de figures laïques qui pourraient donner une belle dimension à cette école, laissez-moi vous faire quelques propositions :
• Si vous tenez aux autrices du XIXème siècle, George Sand ou Mme de Stael
• Si vous tenez à la particule, Emilie du Châtelet ou Olympe de Gouges
• Si vous tenez au monde de l’enfance et de l’éducation, Françoise Dolto
• Si vous tenez au lien avec notre région, Elisa Lemonnier, née à Sorèze en 1805 et considérée comme la fondatrice de la formation professionnelle pour les femmes ou Marthe Condat, première femme agrégée de médecine en 1923 et première titulaire d’une chaire en 1932 à la faculté de médecine de Toulouse
• Si vous tenez à une publicité déguisée pour du jus de raisin fermenté produit sur la commune, je n’ai pas de proposition à vous faire.
Enfin, sur la façon de faire, nous regrettons que les enseignants et les élèves des écoles des Clauzades n’aient pas été associés à cette réflexion. Il aurait été intéressant, dans un but d’implication et d’éducation à la citoyenneté, de faire participer celles et ceux qui vivent cette école au quotidien, de créer un projet pédagogique, comme l’a fait l’école Sainte-Croix pour la réfection de sa cour, pour que ces équipes s’approprient le futur nom de l’école.
Nous ne pouvons soutenir un tel processus ni le nom que vous souhaitez imposer à toutes et tous. L’école est un lieu de vie d’interaction, de discussion, d’apprentissage du vivre ensemble. Imposer un nom sans concertation, c’est donner un mauvais exemple aux enfants, à la communauté éducative et aux parents d’élèves. Une occasion manquée d’insuffler un projet rassembleur. »