Discours de Mme Pauline Albouy Pomponne

Nous sommes réuni.es aujourd’hui pour célébrer la Journée internationale des femmes. Quels en sont les enjeux dans notre société ? Certes, ici, en France, nous ne sommes ni lapidées, ni ostracisées, ni mutilées, ni brûlées,… mais il nous reste des progrès à faire pour que les femmes soient des êtres humains comme les autres !

Si toutes les discriminations desservent notre humanité, celle-ci touche à elle seule la moitié de la population mondiale. Ajoutez à cela les discriminations sur la couleur de peau, la religion, l’origine, la sexualité, etc. Qui reste t’il ? Quel est notre intérêt commun ?

En 2019, dans notre pays, le collectif Nous Toutes a répertorié 149 féminicides. Sur le plan national, plus de 80% des victimes de violences conjugales sont des femmes. Pour la commune de Lavaur, l’INSEE enregistre encore en 2016 un écart de salaire entre hommes et femmes de 20,5%, en défaveur des femmes, et presque 25% dans la catégorie des employés. Quant aux retraites, la France enregistre un écart de 32%, toujours en défaveur des femmes.

Sans parler du travail invisible, qui leur est encore largement imparti, et n’entre pas dans le calcul du PIB.

 

Les femmes apprennent très jeunes à se faire discrètes pour éviter les agressions verbales ou physiques. Dans l’espace public, la parole des femmes a peu de place. On peut s’en désoler mais on ne peut pas rester inactives.

Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole de beaucoup de victimes de violences physiques, mentales ou symboliques, hommes ou femmes, et trouve aujourd’hui sa déclinaison dans beaucoup de milieux, y compris en politique avec le tribune « Halte au sexisme en politique ! » que le réseau d’Elues locales a lancé dans le Parisien aujourd’hui et que j’ai signée ce matin.

Je m’inscris, nous nous inscrivons dans cette démarche afin d’apporter notre pierre à cette prise de conscience de toutes et tous et appeler de nos vœux un ensemble de mesures de progrès pour mieux prévenir ces violences et accompagner les victimes dans la durée.

 

Les évolutions des dernières années nous ont laissé entrevoir que “c’est possible”, que « Yes we can ! » 

L’histoire de pionnières comme Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Françoise Giroud, Simone Veil, ou, plus tôt Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouges durant la Révolution,. .. est de plus en plus racontée à toutes et tous. Ainsi, dans ce pays, il commence à être acquis qu’une femme peut penser, agir et même gouverner.

 

Les épreuves que nous traversons nous construisent, et c’est pour cela que nous sommes, en tant que femmes, outillées pour naviguer efficacement dans de nombreuses situations.

Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir m’inspirer de femmes étonnantes et audacieuses, pour leur époque et leur culture. J’ai d’abord reçu de mon éducation de la force intérieure. J’ai grandi dans une ville à forte mixité sociale, ce qui m’a appris à dialoguer avec toutes et tous sans préjugés, et à me nourrir de nos différences. Ceux qui essaient de m’atteindre en attaquant cette partie de ma vie ne font que redoubler mon envie de me battre.

J’ai ensuite fait mes études dans une grande école, où nous étions 6 jeunes filles dans une promotion de 126… et ça aussi, ça donne de la force, ça forge un caractère !

Au long de ma vie professionnelle, je me suis souvent trouvée la seule femme qui n’était ni l’assistante, ni la directrice de la communication auprès de décideurs le plus souvent masculins.

 

Tout au long de ces années, je me suis construite, avec le soutien bienveillant de ma famille, c’est ainsi que j’ai rassemblé assez de puissance pour décider de m’impliquer dans la politique locale et choisi de construire la parole de l’opposition à Lavaur C’est ainsi que je réussis depuis un an à résister aux attaques parfois violentes, souvent insidieuses, durant les conseils municipaux, à force de travail, de convictions et de détermination. Conseils qui ne sont bien sur ni filmés, ni podcastés, comme cela se fait dans de nombreuses communes. Conseils qui ne sont annoncés à l’opposition que 5 jours à l’avance, pour que notre participation soit compromise et notre préparation limitée…

 

Aujourd’hui, face à cette vision démodée de la virilité ou de la masculinité, je veux démontrer qu’une autre posture politique est possible. Une posture sincère, rassembleuse, respectueuse des diversités culturelles et politiques, ambitieuse pour notre ville et notre territoire.

 

Je le fais ici, sur l’emplacement de l’ancien Castrum de la ville, sur ce promontoire qui donne sur « un de ces paysages qui valut à notre art de vivre d’être salué au travers de l’appellation Pays de Cocagne », comme l’évoquait Oliver Cèbe, secrétaire général de la société du souvenir et des études cathares ici-même en 2018. Cet endroit où nous célébrons chaque 3ème dimanche de mai depuis 1971 la femme la plus célèbre de Lavaur, la dernière femme à la tête de la ville connue à ce jour, qui fut lapidée et jetée dans un puits dont ne subsiste que le souvenir à travers la chanson de la croisade 

« elle incarnait les vertus occitanes de son temps : pretz, paratge, convivencia, soit la valeur d’une personne indépendamment de son rang (pretz), la courtoisie de façon générale, le savoir écouter privilégié au savoir parler (paratge) et, ce qui lui fut fatal, la convivencia, l’hospitalité, l’accueil de l’autre et sa défense. Vertus qui furent l’armature morale d’une femme forte, héroïque, Dame Guiraude. » Merci ici à Michel Roudet, de la Société Archéologique de Lavaur pour ses éclairages historiques précieux.

 

Là, l’espace de 2 minutes je vais laisser de côté mon humilité et vous avouer mon envie de me battre pour remettre au goût du jour ces valeurs dès dimanche prochain. Il est temps que Lavaur retrouve ces qualités humaines et se mette en action vers le 21ème siècle. Gageons que les vauréennes et les vauréens, les agents municipaux et même nos partenaires de la communauté de communes en tireront de nombreux bénéfices.

 

Si je suis prête à devenir votre Maire aujourd’hui, c’est parce que je suis bien entourée, par des personnes compétentes et expérimentées, chacune dans leur domaine. … Et, vous allez le découvrir, les femmes de mon équipe sont formidables. Ensemble cet après-midi, nous allons rendre hommage aux femmes courageuses de notre territoire.

 

  • Vie économique :
    • Nuria Perez-Cullell, Directrice Générale de Pierre Fabre Dermo-Cosmétique
    • Patricia Rossoni et son entreprise si importante dans le paysage vauréen,
    • Yolanda David, gérante de Super U et pionnière dans des projets qui redonnent du sens à la grande distribution,
    • Les sœurs Benne, qui reprennent le flambeau des commerces familiaux,
    • Les artisanes de la boutique Espolitaqui qui inventent une autre façon de faire du commerce, collaborative.

 

  • Vie politique :
    • Emilie Aussaguel, notre conseillère départementale,
    • Christiane Vollin, adjointe à l’Education qui, à force de ténacité, a rattrapé l’inaction des 2 mandats précédents et s’est battue pour la nouvelle maternelle
    • Christiane Odetti, et toutes les conseillères municipales d’opposition
    • L’ancienne députée Monique Collange qui nous fait l’amitié d’être là,
    • Carole Delga, présidente de la Région Occitanie
    • Les femmes maires de la CCTA : Sabine Mousson, Viviane Bonhomme, Brigitte Parayre, Christine Antonsanti
    • Patricia Balland, directreice générale des services de la communauté de communes Tarn-Agout et les directrices de cette institution

 

  • Culture :
    • Pour le spectacle vivant Yvonne Mauco, pilier d’Eclats,
    • Pour le théâtre Cyrille Atlan et Patricia Peguin
    • Les danseuses Lucie Garric, Christine Blanchard, Laurence Ducheyron, Stéphanie Péralez
    • Arts plastiques : Marie-Pierre Vianelli, Katia Villard

 

  • Sport :
    • Sylvie Vicens et les rubies de Lavaur,
    • Chantal Leroyer, et ses innombrables podiums de trail
    • Audrey Hortala, présidente du Lavaur Judo
    • Diane Roque, présidente de Dernier de Cordée
    • Sandra Forgues, présidente du conseil d’administration du CREPS

 

  • Vie associative et lien social :
    • Jeannette Denuc, et les bénévoles de l’AAFP dont Martine Juan,
    • Caroline Peyre, association Une Autre Femme
    • Céline Legresy, la Ligue contre le Cancer,
    • Isabelle Carmes, Enfants du Mékong,
    • Kheira Barba et Marie Ruiz du Secours Populaire
  • Kheira Krouk et Corinne Rey au service jeunesse
    • Les « formidables mamies » de l’Entraide Vauréenne
    • Zohra Krouk pour ses innombrables rôles dans la ville
    • Jeanne Fabre, talent prometteur

 

Chaque choix est forcément subjectif. Etablir cette liste permet au moins de mettre en exergue les femmes qui tirent notre territoire vers demain. Nous en avons sûrement oubliées. Si nous avons voulu rappeler que des femmes changent la donne sur le territoire, nous n’ignorons pas celles dont le travail est fondamental et passe souvent inaperçu : les directrices d’école, celles des ALAE et leur équipes, les ATSEM, toutes les mamans déléguées des parents d’élèves et investies dans la vie des écoles, les personnels d’entretien,…

 

Lavaur Citoyenne est un projet qui dès le départ, a souhaité ne laisser personne de côté, s’est donné les moyens de donner la parole aux habitant.es et aux usager.es de Lavaur au travers des Ateliers citoyens, du porte à porte et du site Internet que nous animons depuis 9 mois. C’est un projet qui souhaite rassembler l’ensemble des Vauréennes et Vauréens autour de 2 axes principaux : la transition écologique et la démocratie participative. Pas d’improvisation, pas d’ambitions partisanes, un projet #votrevoixvotreville ! La transition démocratique, écologique, économique et sociale ne se fera pas sans vous. Nous comptons sur vous !

 

Merci beaucoup pour votre attention.